===== 2.5 Plasticité ===== La synapse biologique est l'interface permettant la communication entre les neurones. * Il s'agit d'une petite surface d'échange chimique ("bouton" synaptique) située à l'extrémité de l'arborisation terminale des axones. * A l'arrivée d'un potentiel d'action, * les synapses libèrent des neurotransmetteurs qui agissent sur les canaux ioniques des dendrites de la cellule post-synaptique ("libèrent" des ions), * ce qui a pour effet de modifier le potentiel de membrane de la cellule post-synaptique. L'efficacité d'une synapse dépend de plusieurs facteurs, comme * la taille du bouton synaptique, * la quantité de neurotransmetteurs disponibles, * ainsi que la sensibilité de la cellule post-synaptique. Cet ensemble de facteurs peut être résumé sous la forme d'une valeur unique $J_{ij}$ : le "poids" de la synapse, * où $j$ est l'index du neurone pré-synaptique * et $i$ l'index du neurone post-synaptique. La **plasticité synaptique** est un mécanisme biologique qui modifie l'efficacité de la synapse au cours du temps. En reprenant les notations précédentes: \begin{align} &\dot{\boldsymbol{x}} = \phi(\boldsymbol{x},\boldsymbol{J},t) \label{eq:SD-plast-x}\\ &\dot{\boldsymbol{J}} = \psi(\boldsymbol{x},\boldsymbol{J},t) \label{eq:SD-plast-J} \end{align} où : * $\boldsymbol{x}$ est un vecteur représentant l'état du système dynamique * et $\boldsymbol{J}$ une matrice représentant le graphe de connexions. * On considère l'évolution des poids synaptiques comme "lente" par rapport à la dynamique d'activation (autrement dit, les poids synaptiques sont quasi-stationnaires sur de petits intervalles de temps). * La plasticité modifie donc les caractéristiques de la fonction de réponse des neurones et vice-versa. * Le mécanisme de plasticité introduit une interdépendance complexe entre le graphe, l'activité et le signal d'entrée s'il existe. * Cette dynamique lente a un impact sur le comportement du réseau de neurones sur le long terme. ==== 2.5.1 Plasticité de Hebb ==== Dans le cadre proposé par Donald Hebb {{Heb49}}, la plasticité est essentiellement un mécanisme **local** dépendant des échanges entre les cellules pré et post-synaptiques. La règle de Hebb inscrit dans la structure du graphe les conjonctions d'activité pré et post-synaptique se produisant de façon répétée au cours du temps. {{ :public:ncom:ncom-hebb.png?400 |}} Le poids $J_{ij}$ est alors une quantité qui évolue au cours du temps sous la forme : \begin{align} \dot{J}_{ij} = F(\boldsymbol{S}_i(t), \boldsymbol{S}_j(t), J_{ij}) \label{eq:plast-hebb} \end{align} avec $\boldsymbol{S}_j(t) = \{s_j(t)\}_{t \in [t_0,..,t[}$ l'activité pré-synaptique, $\boldsymbol{S}_i(t) = \{s_i(t)\}_{t \in [t_0,..,t[}$ l'activité post-synaptique, et $F$ la fonction de mise à jour des synapses. Il s'agit essentiellement, selon l'idée initiale de Hebb, d'un mécanisme de sélection dans lequel **des activités corrélées tendent à se connecter, et des activités décorrélées à se déconnecter**. Ce modèle de plasticité synaptique, dite "potentiation à long terme" (Long Term Potentiation - LTP), a été confirmé à de nombreuses reprises par les observations * {{Bli73}} * {{BIPOO98}} * Lorsque l'activité est elle-même induite par le signal d'entrée, le graphe reflète en partie les covariances présentes dans le signal. * La règle de Hebb est une règle essentiellement additive et s'interprète comme "**plus de la même chose**". * En pratique, le mécanisme facilitateur de Hebb est couplé avec un mécanisme stabilisateur (soustractif) qui évite la divergence du processus (via un principe de sélection compétitive) : * {{abbott00}}